Il n'en vaut pas la peine
Je rentre chez moi, en début de soirée, une fin de journée au cinéma. Un peu lessivée. Et là je tombe sur des photos de... Lui. Par hasard. Merde... Des larmes qui montent tout doucement au bord des yeux. Non ne pleure pas, c'est pas grave, ce n'est rien, il n'en vaut pas la peine. Allez respire. Un besoin de nicotine qui se fait pressant. Et je m'efforce de prendre le dessus sur ma tristesse, ma mélancolie, ma nostalgie...
Une histoire qui s'est finie il y a peu de temps. Je réalise que mes blessures ne sont pas complètement pansées. Ca passera, avec le temps. Ca finira par s'envoler doucement un jour, complètement. Finalement, c'est mieux ainsi. Il n'a pas voulu se rendre compte. Ouvrir les yeux, c'était sûrement trop douloureux. Ou alors je n'étais peut-être pas celle avec qui il voulait les ouvrir. Il a choisi de rester avec elle, malgré la constatation évidente que leur histoire ne lui convient pas tant que ça. D'ailleurs, s'il avait été aussi bien que ça, il ne serait pas venu vers moi. Il aimait parler avec moi, de tout et de rien, de notre passion pour la musique, de nos goûts communs, délirer sur des conneries. Moi, je suis restée sur la défensive dans les premiers temps. Je ne savais pas si j'étais prête à céder. Puis il a fini par me dire qu'il n'était pas seul, mais que leur relation ne lui permettait pas de s'épanouir. Cependant, la réalité était bien là, il y avait plus entre nous : Il me plaisait. Je lui plaisais. Je me suis laissée tenter, malgré que je sache que je ne passerai qu'en second. J'ai fait avec, dans l'espoir qu'un jour il réalise. Je le voulais. Je le désirais. C'était différent. Avec lui, je ne voulais pas que d'une relation charnelle. J'ai appris la patience. J'ai fait avec le manque. Je voulais le laisser venir, tout doucement, en me disant qu'un jour les choses changeraient. Je souffrais, mais je me disais que le jeu en valait la chandelle, qu'un jour il viendrait avec moi, qu'il la quitterait, que tout cela ne durerait qu'un temps. Mais rien n'a changé. Il n'a pas voulu y croire, faire confiance. C'était tellement plus facile de s'accomoder. Avec elle depuis plus d'un an, une vie à deux dans un grand appart, des animaux de compagnie, ... Oui, c'était plus facile.
Face à ce constat d'échec, j'ai coupé les ponts, douloureusement. Lui n'était pas d'accord au départ. Il ne voulait plus d'une double vie, mais il voulait que le contact demeure, car il appréciait ce que j'étais avant tout, au-delà de l'attirance physique. Il aimait nos échanges. Je les aimais aussi. Mais j'ai préféré penser à moi. C'était ce que j'avais de mieux à faire si je voulais tourner la page, et avancer. Il a accepté.
Parfois, je me demande s'il pense encore à moi, même un instant, même une fraction de secondes. Si je suis encore quelque part, dans un coin de sa tête, dans sa mémoire. Avant de m'avoir connue, il ne s'était jamais détourné d'elle. Pour moi, c'était une preuve. Pour lui, c'était une tentation. Avec du recul, je me dis que ce n'était sans doute pas quelqu'un pour moi. Je n'en aurai jamais la preuve. J'aurais aimé savoir. Tant pis. Je passe à autre chose, en douceur. Je me préserve. Je pense un peu à moi.
Une amie m'a dit il y a quelques temps, au sujet de cette relation, que l'essentiel était de se sentir vivante. Paradoxalement, je pense me sentir plus vivante maintenant. Alors je garde cette sensation au fond de moi, en me disant que c'est le plus important. Un jour, il se réveillera peut-être en se disant : "Merde..." Mais moi je serai déjà loin.