Je trace, et ne te regarde plus
Ne pas t'avoir connu m'aurait évité quelques larmes et de la souffrance. C'était tellement compliqué de te "fréquenter". Je voulais être celle que tu cherches. Je voulais être celle qui te rendrait heureux. Je pensais que nous aurions pu vivre quelque chose. Je me trompais. J'étais aveugle et naive. Mes proches ont tenté de m'ouvrir les yeux, de me faire prendre conscience que tu ne pourrais rien m'apporter de bon. Me faire prendre conscience que ce n'était pas de l'amour que j'éprouvais. Je ne voulais rien entendre. Je m'accrochais. Je n'étais pas moi, je voulais être comme toi tu voulais. Une perte d'identité...
Toi tu n'en avais rien à faire de celle que je pouvais être au fond. Je ne t'ai peut-être pas montré les meilleures côtés de moi-même. Je ne faisais que composer avec ce que tu étais. J'ai fait des erreurs, mais finalement même si j'avais été plus "moi", ça n'aurait pas été non plus. Tu as réussi à me cerner, tu as joué avec moi pour arriver à tes fins. Et tu as gagné. Comme une idiote je n'ai rien vu venir, et je te croyais sincère.
Et puis quand tu en as eu marre de cette relation charnelle, je ne comptais plus. Rien à foutre de ce que j'étais. Ca ne t'intéressait pas, alors que pourtant à la base, ce n'était pas juste une histoire de fesses... Enfin, c'est ce que je croyais. Plusieurs soirées passées ensemble, des discussions autour d'une bière. Plus profondes au départ, et puis une fois que tu m'as eu sauté plusieurs fois, tu m'as montré ton vrai visage. Et ce que j'ai découvert m'a fait du mal. On se connaissait peu, et tu m'as sorti que tu pensais avoir fait le tour de ce que j'étais. Tu pensais certainement être mieux que moi, de toute façon tu pensais être mieux que tout le monde. Prétentieux, arogant, manipulateur, égoiste. Malgré mes erreurs, mes dérapages, je pense que de toute façon dès le départ, tu avais une idée toute faite de ce que j'étais. J'aurais pu faire n'importe quoi, ça n'aurait jamais été.
Au départ je souffrais et te haissais. Maintenant ça n'a plus d'importance, et quelque part je crois même que je peux te dire merci. Pour plusieurs raisons. Déjà parce-que grâce à toi, j'ai appris à devenir plus méfiante, moins naive. Et j'ai appris aussi que ce qui compte avant tout c'est d'être soi, et uniquement soi. Pas comment l'autre voudrait que l'on soit. Je me suis trop livrée, je sais que j'ai eu tort. Je ne me suis pas montrée sous mon meilleur jour, je ne savais pas comment faire avec toi, tu étais un mystère pour moi. Je n'aurais pas dû agir de la sorte, c'est vrai. L'image que tu as de moi est donc faussée.
Au début, ça me rendait malade, je voulais tout changer, réparer mes erreurs, mes agissement maladroits. Maintenant, ça m'est égal. Peu importe l'image que tu peux avoir de moi, dans le fond tu te trompes mon cher ami. Certains des agissements que j'ai eu sont blamables, je le sais. Quoique explicables... J'étais fragile, en quête de valorisation et de reconnaissance, alors je faisais tout pour que tu m'apportes ça. Je n'ai récolté que l'inverse.
Cependant, je pense qu'au-delà de ça tu crois que je suis une cruche superficielle, qui ne comprend rien et avec qui on ne peut pas avoir de discussions profondes et intéressantes. Je peine à m'estimer, c'est vrai, mais j'apprend à me dire que je ne suis pas ainsi, et que je vaux quelque chose. Non, je ne suis pas parfaite. Non, je ne prétends pas avoir le QI d'Einstein. Oui, j'ai des défauts, oui j'ai des failles. J'avance comme je peux et tente d'être quelqu'un de bien. Toi, tu penses que tu as tout compris à la vie, que tu sais tout sur tout, et que les autres sont des cons. Tu es probablement plus cultivé que moi, mais tu sais quoi, je n'envie plus ton savoir. Tu sais peut-être des tas de choses concernant la musique, la philo, ou autre, des choses que j'ai peut-être du mal à comprendre. Non, je ne comprends peut-être pas tout ça, mais sans vouloir me jeter des fleurs, je crois que moi je possède quelque chose que tu n'as pas : des valeurs humaines. A quoi bon lire tous ces bouquins de philo si tu n'es même pas foutu d'appliquer toutes ces belles paroles.
Alors oui tu as des problèmes, oui j'ai découvert quelque chose te concernant que tu ne voulais peut-être pas que je sache. C'est d'ailleurs suite à ce que j'ai découvert que je suis devenue encore plus tolérante et compréhensive, que j'ai été patiente et t'ai pardonné tes agissements, parce-que je sais que personne n'est parfait, parce-qu'on fait tous des erreurs. Mais ça ne t'a pas empêché de me mépriser. Moi aussi j'ai des problèmes et ce n'est pas rose tous les jours, mais ce qui est certain c'est que malgré les épreuves que je traverse, jamais je n'oserai me comporter ainsi avec les gens. Tu es qui pour te permettre de traiter les gens comme de la merde? Les problèmes que l'on a n'excusent pas tout.
Nous sommes tous des êtres humains, et c'est justement parce-que nous sommes des êtres humains qu'on ne doit pas se comporter comme des animaux.
Aujourd'hui nous sommes courtois l'un envers l'autre, on se dit bonjour poliment et on prend quelques nouvelles de l'autre. Et c'est tout. Moi, je ne m'éternise jamais quand je te vois. J'ai assez donné, et ça ne m'intéresse plus. Je fais juste le minimum.
Tu as quelqu'un dans ta vie. J'espère que tu es plus classe avec elle que tu ne l'as été avec moi. Pour moi, la page se tourne. Je tire un trait sur tout ça et me dis que finalement c'est mieux ainsi. J'aurais perdu mon temps avec quelqu'un comme toi. Je pars dans un peu plus d'un mois, je ne sais même pas si je te dirai au revoir. Fort probable que je parte sans un mot, et puis un jour dans les escaliers tu croiseras quelqu'un d'autre... Et ouais, la petite cruche aura pris le large, et elle sera très heureuse de s'être éloignée de toi.
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